Malek Lehoussine
Quelques réflexions sur ma peinture
La peinture tente de toucher du bout de la main sa propre réalité intérieure. Je ne sais jamais ce que je vais peindre, je vis au présent dans ma peinture. Je commence une dizaine de tableaux que je travaille sur 1, 2 ou trois ans.
Je reviens sans cesse dessus. Je commence par des fonds sombres et clairs où je travaille seulement les masses et la lumière sur toute la surface. C’est très physique. Je ne fais jamais d’esquisse, de trait. J’ai une vague idée, mais une fois le tableau lancé, des choses apparaissent inévitablement.
Le matin le regard est irremplaçable justement parce qu’il n’est pas réfléchi, pas conscient. Mon œil accompagne le geste et il m’aide avec le temps entre chaque séance à voir surgir la peinture. Depuis que je suis à la campagne les ciels m’ont amenés au paysage. C’est ainsi que je vis avec la peinture.
Juin 2016.
L’œuvre peinte de Malek Lehoussine
Les toiles de Malek Lehoussine sont traitées à la façon d’un palimpseste. Le peintre pose la couleur, couche après couche, puis recouvre, gratte et reprend inlassablement son travail mois après mois et parfois sur plusieurs années.
Rêve, vision, ou réminiscence, la figure apparaît, évanescente. Cette présence fantomatique nous observe comme pour nous rappeler l’éphéméride de notre existence. Ce regard nous fige, nous hypnotise et nous renvoie à nous-même, comme face à un miroir. Au-delà d’une vision, les toiles de Malek Lehoussine ne seraient-elles finalement pas le reflet d’une réalité, celle de notre vie intérieure, de nos souvenirs, de toutes les facettes qui constituent ce que nous sommes ?
Ces images marquent notre visage et notre corps qui sont eux, bien réels et visibles. Le peintre est alors fasciné par ces changements, cette réalité des choses si mouvante. Sa démarche cherche à rendre le déroulement du temps sur les êtres dans une quête quasi-obsessionnelle. Son œuvre vous enveloppe dans la lumière ou dans l’ombre profonde pour peut-être nous révéler quelque chose d’insoupçonnable.
Rose Ferma. Conservateur. 2006
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